Bernard est né en 1090 à Fontaine, localité proche de Dijon. Son père, Tescelin, était de la famille des seigneurs de Châtillon-sur-Seine ; il tenait la petite seigneurie de Fontaine ainsi que des terres autour d'Alésia et de Montbard, et d'autres dans la vallée de la Laigues et au confluent de l'Aube et de l'Anjou. Sa mère, Alette, était la fille du seigneur de Montbard, dont les domaines, assez vastes, s'étendaient sur une partie des plateaux sis entre l'Armançon et la Seine. Bernard est donc issu d'une famille de moyenne noblesse, apparentée ou alliée à de puissantes maisons.
Il subit profondément dans son enfance l'influence de sa mère, femme d'une très haute vertu. On le confia, pour ses premières études, aux chanoines de l'école de Saint Vorles, près de Châtillon. Il y acquit une solide pratique du latin, mais il n'apprécia pas la culture littéraire et profane qu'on essayait de lui donner. À l'âge de seize ou dix-sept ans, il perdit sa mère et en fut très vivement affecté. Il mena alors pendant quelques années une vie mondaine, comme pouvait le faire un jeune noble du temps. Il déclara plus tard qu'il avait eu de mauvaises fréquentations, mais il faut voir dans cet aveu le scrupule d'une âme excessivement exigeante. Car, en fait, tout en ayant une existence laïque, il semble bien qu'il songea très tôt à se retirer du monde. En avril 1112, il prit sa décision et vint se faire moine à Cîteaux, abbaye créée en 1098 au sud de Dijon et qui voulait retourner à l'ascèse monastique la plus rude. Il y entraîna avec lui trente compagnons, parents ou amis. Il apparut aussitôt comme un élément particulièrement dynamique, si bien qu'en 1115, il fut envoyé, avec quelques moines, pour fonder l'abbaye de Clairvaux, aux bords de l'Aube, non loin de Troyes, sur une terre donnée par le comte de Champagne. Il resta abbé de Clairvaux jusqu'à sa mort, survenue en 1153 dans son abbaye, ce qui ne l'empêcha pas de jouer un rôle éminent hors de son monastère et de son ordre.
Personnage d'une réelle sainteté, recherchant par amour du Christ la mortification la plus dure, Bernard fit preuve, sa vie durant, d'une activité inlassable. Sa sensibilité très vive – elle explique ses plus beaux élans spirituels et permet de découvrir en lui une sorte de sensualité mystique – le conduisit, en quelques occasions, à des attitudes raides et même violentes. L'âme nourrie des leçons et des allégories de l'Écriture, spécialement de l'Ancien Testament, il fut un orateur vibrant, aussi bien pour instruire ses moines de Clairvaux que pour émouvoir et entraîner les foules. Conservateur, quasi « intégriste », ne parvenant pas toujours à bien saisir le sens véritable des mutations de son époque – marquée justement par une profonde transformation de l'économie, de la société et du pouvoir politique –, il fut, en outre, un écrivain fécond, au style alerte et coloré. Ses principales œuvres, en dehors de sa correspondance et de ses sermons (parmi lesquels ceux sur le Cantique des cantiques adressés à ses moines, exerceront une grande influence sur la mystique médiévale), furent le De gradibushumilitatis, l'Apologia ad Guillelmumabbatem, le De diligendo Deo, le De gratia et libero arbitrio, le De laudenovaemilitiae, le De praecepto et dispensatione, la Vita S. Malachiae et le De consideratione.